Fidèle à sa mission, ce blog va vous diffuser un encart assez complet qui a été noté sur internet. La thématique est «la justice».
Le titre saisissant (Drame du « Tanit », voilier vannetais : l’avocat des Lemaçon dit sa vérité – Ces faits-divers qui ont marqué Vannes et Auray) parle de lui-même.
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Le post a été diffusé à une date notée 2022-08-12 05:00:00.
Quatorze mètres de long, une coque en ferrociment, mélange de mortier et d’armature en fer : le « Tanit » était conçu pour les voyages au long cours. C’est ce qu’avait entrepris la famille Lemaçon en quittant le port de Vannes le 26 juillet 2008. Florent, Chloé et Colin Lemaçon, leur fils de 2 ans, vivaient depuis un an dans le port de Vannes quand ils ont largué les amarres pour un voyage de plusieurs mois. Leur destination, Zanzibar dans un premier temps, puis Madagascar. Un périple qui leur fait naviguer dans le golfe de Gascogne, en mer Méditerranée, avant d’aborder les côtes africaines en traversant le canal de Suez.
L’itinéraire fait passer le voilier au large de la Somalie. Une zone qu’ils savent dangereuse. Dans un article que leur avait consacré notre confrère Patrick Certain avant le départ, Chloé Lemaçon disait ceci : « Pendant trois jours, on va se faire tout petit en passant le plus loin des côtes. Le risque existe mais il est minime pour un bateau comme le nôtre, d’autant plus que nous n’emportons ni appareil sophistiqué de navigation, ni argent, ni bijoux ». Depuis 2005, la corne de l’Afrique est en effet le terrain de jeu des pirates, somaliens pour l’essentiel, qui arraisonnent et dépouillent régulièrement des bateaux.
Les autorités leur ont donné la route à suivre, leur demandant en quittant Djibouti d’aller de l’autre côté du Golfe d’Aden. Donc à l’Est puis plein Sud. Ces conseils, ils les ont scrupuleusement respectés.
Contre-vérités
Et c’est ce qu’il se passe, malheureusement, le 4 avril 2009. Les occupants du « Tanit », la famille Lemaçon et deux de leurs amis qui les ont rejoints lors d’une escale, sont capturés par cinq pirates somaliens armés de Kalachnikov. Ils seront pris en otages durant six jours, six jours durant lesquels des frégates françaises les traquent. Le 10 avril 2009, des commandos de marine donnent l’assaut. Florent Lemaçon est involontairement tué d’une balle dans la tête par un des militaires.
En 2013, trois des pirates somaliens sont jugés par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. C’est l’ancien bâtonnier de Vannes Me Arnaud Colon de Franciosi qui défend toute la famille Lemaçon, partie civile dans ce procès.
« Des conseils respectés à la lettre »
Aujourd’hui à la retraite, l’avocat dénonce des contre-vérités assénées sur cette affaire et soutient que les Lemaçon ont joué de malchance. « Beaucoup de bêtises ont été écrites. On a dit par exemple qu’ils n’avaient pas écouté les conseils de l’armée et qu’ils étaient allés contre son avis dans une zone dangereuse. C’est faux ! Les autorités leur ont donné la route à suivre, leur demandant en quittant Djibouti d’aller de l’autre côté du Golfe d’Aden. Donc à l’Est puis plein Sud. Ces conseils, ils les ont scrupuleusement respectés. Mais les pirates qui les ont attaqués s’étaient en fait perdus. C’est pour cela qu’ils se sont retrouvés dans une zone très au large de la Somalie, à plus de 900 km des côtes. Donc bien à l’écart de la zone de risque ».
La famille Lemaçon « jetée en pâture »
L’avocat vannetais charge le ministre de la Défense de l’époque, Hervé Morin, qu’il accuse d’avoir « jeté en pâture la famille Lemaçon ». « Il a dit que Florent Lemaçon avait été irresponsable. Ce commentaire a déclenché une multitude de critiques sur les réseaux sociaux. Il y a même eu des injures proférées à l’encontre des Lemaçon. C’était scandaleux ». Le conseil subodore qu’il y a eu une volonté, au plus haut sommet de l’État, de faire un exemple avec cette prise d’otages. « L’affaire a été gérée au plus haut niveau. C’est Sarkozy qui prenait les décisions. Et j’ai le sentiment qu’il voulait mettre un coup d’arrêt à ces prises d’otages de Français. Il fallait donner un signe fort aux commanditaires des pirates. Pirates qui, en réalité, étaient des miséreux ».
Projet humanitaire à Madagascar
Lorsqu’il parle de Chloé Lemaçon, Arnaud Colon de Franciosi dresse le portrait « d’une femme dotée d’un très fort caractère ». « Elle a tout fait pour rendre justice à son mari. Elle ne cherchait pas l’argent, ni la gloire médiatique, elle voulait juste que la vérité soit dite ». La Vannetaise a achevé le voyage qu’avait entrepris la famille. Elle est allée à Madagascar où elle a monté un projet humanitaire de scolarisation des enfants sur l’île de Nozy Be.
Me Colon de Franciosi n’est plus en relation avec elle, ni avec aucun des protagonistes de ce drame, pas même avec Francis Lemaçon, le père de Florent qui l’avait « profondément impressionné par sa dimension et sa grande humanité ». Il a pris un retrait qui lui semble aller de soi : « Un avocat, c’est comme un médecin. On fait partie d’une douleur. La logique, c’est donc de s’effacer ».
Les dates clés
4 avril 2009
Le voilier « Tanit », et ses cinq occupants, est arraisonné par cinq pirates armés de Kalachnikov
10 avril 2009
Des commandos de marine de Lorient donnent l’assaut : deux pirates sont tués, ainsi que Florent Lemaçon
18 octobre 2013
Les trois pirates somaliens sont condamnés à neuf ans de prison par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine
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