Arrêt de la Cour de justice de l’AELE sur la légalité des règles norvégiennes en matière de limitation de la déductibilité des intérêts

, Arrêt de la Cour de justice de l’AELE sur la légalité des règles norvégiennes en matière de limitation de la déductibilité des intérêts

La Cour de justice de l’AELE a adopté aujourd’hui un arrêt Groupe Europe AS v le Gouvernement norvégien (E-3/21), statuant qu’une combinaison de règles de déduction d’intérêts limités et de règles de contribution de groupe en Norvège peut porter atteinte au principe de la liberté d’établissement.

L’affaire au principal porte sur la validité de la décision de la Commission norvégienne de recours fiscal de limiter la demande de PRA Group Europe en tant que demande de déduction fiscale complète pour les paiements d’intérêts sur la dette à des parties affiliées. La demande a été rejetée au motif que la Loi fiscale norvégienne limitait le montant déductible à 30% de l’EBITDA de la société.

Le tribunal de district d’Oslo de renvoi a demandé des indications sur la question de savoir si les règles norvégiennes qui autorisent uniquement une société assujettie à l’impôt en Norvège, qui fait partie d’un groupe de sociétés basées en Norvège, à appliquer des règles de contribution de groupe pour atténuer ou supprimer l’impact des règles de déduction des intérêts limités sont compatibles avec les articles 31 et 34 de l’Accord EEE, à savoir la liberté d’établissement et la non-discrimination.

La Cour de l’AELE a jugé que les sociétés établies en Norvège qui font partie d’un groupe d’entreprises d’autres pays de l’EEE sont désavantagées par rapport aux sociétés entièrement basées en Norvège, car seules ces dernières peuvent utiliser les règles de contribution intragroupe pour atténuer les effets de la réglementation sur la déduction limitée des intérêts. La Cour a déterminé que les circonstances nationales et transfrontalières sont comparables à cet égard et que le fait que la société étrangère basée dans l’EEE n’a apporté aucune contribution réelle du groupe à la société basée en Norvège n’a aucune incidence sur cet examen de comparabilité.

Enfin, la Cour a estimé qu’une restriction résultant de la combinaison de la déduction des intérêts et de la réglementation sur les cotisations de groupe pourrait être justifiée par l’objectif légitime d’interdire les montages entièrement artificiels aboutissant à l’évasion fiscale. Toutefois, si la législation nationale ne donne pas au contribuable la possibilité de démontrer que l’opération a eu lieu à des conditions qui auraient été convenues si la relation entre les parties avait été sans lien de dépendance, cela va au-delà de ce qui est nécessaire pour atteindre cet objectif.

Le jugement est accessible ici et le communiqué de presse ici.